Voilà des semaines à présent, des mois même, que Klynt et les Racailles se baladent dans l'immensité du désert. Désert à bien des titres et en particulier celui d'être désert de toute vie humaine. Ouais, on compte pas les Spartiates comme de la vie humaine, faut pas déconner. Bref, à part un ou deux gugus sans lendemain, personne, pas âme qui vive. Et voilà qu'à peine traversé le pont qui enjambe le fleuve séparant le Nord du Sud, tout symbolique, c'est la vie qui les rattrape. Un des groupes les plus armés et dangereux de tout le fract qui apparait sur leurs arrières. Le groupe des Racailles est éclaté, la liaison radio mauvaise. Klynt est seul avec Adrenalynn, quelques lieues en avant pour faire de la reconnaissance quand il reçoit un message radio d'Emma Wolkoff et tout ce qu'il arrive à comprendre c'est qu'il y a warren qui demande après Adrenalynn. Ni une ni deux, Klynt tente de contacter Warren et lui indique sa position en lui expliquant qu'Adre est avec lui mais qu'elle est trop défoncée. Silence radio. Klynt doute même que Warren ait reçu son message, il y a trop d'interférences dans le coin. Peut être que ça vient du pont tout proche, avec ses armatures métalliques, qui brouille les fréquences. En tout cas, en attendant qu'Adre soit redescendue de la très haute altitude spirituelle où elle se trouve, il décide de piquer un roupillon dans le chariot. Il hésite un instant, savoir s'il détache les chevaux de leur attelage. Et pis merde, il a la flemme. Ils ont l'air de se reposer sans ronchonner, tant mieux, ça lui évitera d'avoir à les ré-atteler plus tard.
Combien de temps s'est écoulé ? A peine quelques heures sans doute. En tout cas, il n'a pas le temps de le vérifier car son réveil est plutôt difficile. Imaginez, le groupe de Warren est arrivé avec leurs engins de morts, toutes armes dehors et ni une, ni deux, ils attrapent Adre' pas encore tout à fait revenue à elle en faisant un boucan de tous les diables. Si klynt se réveille en sursaut, c'est tout autant à cause du bruit, qu'à cause des cahots de la route. Car il n'y a pas que lui et adrenalynn à avoir été surpris, les chevaux aussi. Et quelle bande de poltrons ces canassons ! Les voilà parti à galoper au hasard, tentant de s'éloigner tant bien que mal de cette source de bruit, de nuisance. Klynt est brinqueballé dans tous les sens et ne sait même pas ce qu'il vient de se passer dehors. En quelques minutes, c'est tout son corps qui lui fait mal à force de se cogner dans les caisses aux angles vifs qui jonchent le sol. Arrivé à se hisser sur le banc à l'arrière des chevaux, il constate avec désarroi que les rênes sont en train de flotter entre les bestiaux, loin de sa portée. Le frein ? Disparu depuis longtemps. Il doit finalement se résoudre à attendre que les chevaux veuillent bien s'arrêter de galoper. Au moins, sur le banc, il ne se cogne plus, juste un vague mal de mer qui le prend à l'estomac.
Après plusieurs lieues parcourues, ce qu'il attendait arrive enfin. L'attelage ralentit, et finit par stopper. Les chevaux sont en nages, de l'écume recouvrent leur poitrail. Klynt met pied à terre, attrape les rênes et les ramène au banc. Inutile de vouloir aller plus loin pour l'instant, les chevaux sont épuisés. La mort dans l'âme, ils les détachent pour qu'ils puissent se reposer, manger les quelques herbes du coin et boire dans les flaques. Rien de bien folichon malheureusement.
"Et maintenant ?" se dit-il, avec le désert pour seul horizon.
Fort heureusement, le lendemain, rênes à la main, le cul posé sur le banc de conduite, l'attelage au trot, apparaissent des reliefs familiers et de l'eau à l'ouest.
"Bon sang ! Ces canassons m'ont ramené vers les autres ! Ahah ! Ils sont moins cons que je pensais tiens ! Braves bêtes ! Promis, je ne laisserais jamais Jean-bite vous approcher !"